Un secteur en crise

Publié le 10/03/2015

Manifestation. Durant toute la matinée du 10 mars 2015, les entrepreneurs de Travaux publics (TP) bourguignons ont manifesté sur la rocade dijonnaise.

CAMIONS ET BANDEROLES POUR UN SECTEUR AUX ABOIS

Après une première manifestation en juillet 2014 dont la traduction la plus spectaculaire avait été un imposant dépôt de casques de chantiers devant les portes de la préfecture de Côte-d’Or et de région, à Dijon, les entrepreneurs de travaux publics bourguignons avaient, cette fois-ci, sorti la grosse artillerie. À l’appel de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP), plus de soixante-dix camions avaient été rassemblés pour cette matinée de mobilisation, sur la rocade dijonnaise. Il faut dire que le secteur a grand besoin de se faire entendre, en particulier sur la question du maintien des investissements des collectivités (il dépend à 70% de la commande publique) et que le message de l’été dernier n’avait pas été suivi de beaucoup d’effets. Vincent Martin, le président de la FRTP Bourgogne avait prévenu : on allait les entendre ! De fait, avec, aujourd’hui, 1.500 salariés du secteur au chômage partiel sur la région, l’urgence est évidente.

Les manifestants du 10 mars ont donc jalonné la voie ceinturant Dijon de barrages filtrants au sein desquels 8.000 tracts expliquant la situation ont été distribués. Des tracts qui reprenaient la liste des chantiers à partir desquels les entreprises des TP pourraient espérer se relancer : l’entretien des routes, aujourd’hui freiné par le manque de financements des collectivités, mais aussi par les relations tendues entre le gouvernement et les sociétés d’autoroutes ; les ponts, dont 60 % en France seraient affectés par la corrosion de leurs armatures; le réseau de conduite d’eau, qui perd un litre sur cinq en raison de fuites; la dégradation du réseau ferroviaire… De 7h30 à 11h30, les TP ont donc manifesté leur inquiétude face à des automobilistes qui se rendaient au travail et qui ne s’attendaient certes pas à un tel déploiement de forces. Car en plus des barrages filtrants, les organisateurs de la manifestation ont mis en place deux opérations « escargot », l’une descendant du Nord au Sud et l’autre remontant en sens inverse. La gêne à la circulation n’était toutefois que partielle puisque les véhicules de chantiers impliqués ne roulaient que sur une file. Le convoi, klaxons hurlants et girophares en action, n’est pourtant pas passé inaperçu. Il reste à souhaiter qu’il aura enfin permis aux pouvoirs publics de prendre la mesure de l’inquiétude qui règne dans un secteur où les trésoreries sont, pour beaucoup, au bord de l’abîme.

Source : Le journal du Palais / Berty Robert